Le 15 août 2017, la Congrégation pour le Clergé a érigé l’Association cléricale de la Communauté de l’Emmanuel. Cette Association regroupe en son sein les prêtres et les diacres de la Communauté en question, avec la possibilité d’en incardiner quelques-uns. Pendant la semaine pascale 2018, un grand nombre de clercs de l’Association sont venus, des cinq continents, en pèlerinage à Rome, afin de rendre grâce pour cette érection. Ils étaient accompagnés d’autres membres laïcs de la Communauté de l’Emmanuel. On trouve ici le texte de la conférence que Mgr Joël Mercier, Secrétaire de la Congrégation pour le Clergé, leur a donnée le 5 avril 2018.
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Tout a commencé pour vous à Troussures, en 1972. Après avoir reçu l’effusion de l’Esprit, Pierre Goursat et Martine Lafitte ont expérimenté une joie profonde qui a changé leur vie. Ils ont pris conscience que l’Esprit Saint les habitait, ils n’avaient plus qu’un désir : se laisser envahir par lui et témoigner de sa présence vivante et agissante.
Bien sûr, avant cette expérience fondatrice, Pierre avait des prédispositions ; en particulier, il était déjà profondément marial, ce qui lui donnait le sens de l’Église. Cependant, quelque chose de nouveau s’est passé à Troussures. Le Catéchisme de l’Église Catholique (n. 797) cite une phrase de saint Irénée qui dit : « là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Église » (Adversus Haereses, 3, 24, 1).
Je voudrais ici vous partager une première réflexion à propos de votre lien à l’Église.
Le 15 août dernier, l’Église vous a érigé en Association cléricale internationale. Comme prêtres diocésains, vous êtes déjà collaborateurs de votre Évêque, partageant avec lui le souci de toutes les Églises. Comme membres de votre Association, vous recevez un lien supplémentaire à l’Église universelle et à la personne du Saint Père. Il est devenu votre Supérieur à un nouveau titre. Or vous savez comment le Pape François passe chaque jour des heures à prier, comment il insiste sur le souci des pauvres et sur la nécessité de sortir pour annoncer l’Évangile à tous. Votre lien nouveau et spécifique au Successeur de Pierre vous invite à prier pour lui, comme il le demande instamment, et à connaître son enseignement, qui portera du fruit en vous et dans votre ministère parce que vous l’accueillez dans l’Esprit Saint. La citation complète d’Irénée est : « là où est l'Église, là est aussi l'Esprit de Dieu ; et là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Église et toute grâce ».
Le sens de l’Église qui caractérisait Pierre Goursat m’amène à une deuxième réflexion. L’Esprit qui l’habitait l’inspirait de telle manière qu’il agissait selon l’Église, pour l’Église.
Il me semble qu’on peut appliquer cette constatation à la manière dont votre fondateur a accompagné le groupe naissant des jeunes hommes qui sont devenus peu à peu les prêtres de la Communauté de l’Emmanuel. Puisque ce groupe a été érigé par l’Église en Association cléricale, il convient de le regarder à la lumière de ce que l’Esprit dit à l’Église ou de ce que l’autorité de l’Église vous a dit de ce groupement. Je pense ici à la réflexion du Cardinal Lustiger qui accompagnait la croissance de la Communauté. Il estimait que l’intuition de votre fondateur au sujet des prêtres répondait à la nécessité d’offrir un nouveau visage au sacerdoce diocésain.
Le sacerdoce vient de Jésus, il a plus de deux mille ans, il est pérenne, il appartient à la structure de l’Église. Dans son essence, il ne changera pas. Cependant la manière de vivre le sacerdoce ministériel s’adapte aux exigences du temps et de l’espace. Le Concile Vatican II a permis un regard renouvelé du ministère et de la vie des prêtres à l’aube du troisième millénaire. L’approfondissement de l’ecclésiologie, la conscience accrue de la valeur du sacerdoce baptismal et la collaboration des prêtres et des laïcs qui s’en est suivie, l’exode rural massif qui a changé le visage de l’Église en plusieurs pays et donc le mode de vie des prêtres, la globalisation et la mobilité des personnes, l’urgence de la mission et tant d’autres facteurs nous obligent à repenser certaines modalités du ministère et de la vie des prêtres sans rien toucher de l’essence du presbytérat lui-même.
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