En rendant visite à la Congrégation pour le Clergé, le 24 mai dernier, le Pape François nous a offert sa pensée au sujet de la réforme de l’Église : « On parle tant de la réforme de la Curie — a commencé à dire le Saint-Père. Et comment se fait cette réforme, avec des organigrammes ? [...] Ceci est un point mineur et secondaire. La réforme de l’Église commence premièrement par le cœur […] Puis, pour la réforme de l’Église, on doit travailler avec les prêtres ; le deuxième pas, ce sont les prêtres, les prêtres ! »
J’ai voulu rappelé ces paroles, parce que nous reprenons ce matin les intuitions du Concile Vatican II sur la vocation au sacerdoce et sur l’identité du prêtre, en particulier dans le Décret Optatam totius (OT); ce document commence justement avec la perspective énoncée par le Pape François : « le renouveau de l’Église entière, souhaité par tous, dépend pour une grande part du ministère des prêtres animé par l’Esprit du Christ » (OT, Préambule). C’est pour cette raison que le Concile souligne fortement l’importance de la formation sacerdotale. Encore aujourd’hui, il est nécessaire de nous demander « quel prêtre nous voulons et comment le prêtre peut ressembler au Christ Bon Pasteur », et pour cela, nous ne pouvons pas ne pas réfléchir au processus de la formation. Il n’existe pas de formules toutes faites, cependant, « le prêtre que je suis » dépend de la rencontre entre mon humanité — mon histoire, mes qualités, mes fragilités — et l’action formatrice qui, à la lumière de l’Esprit Saint, façonne, modèle et forme ma vie, en la configurant au Christ.
La formation est un processus ecclésial qui commence en aidant les personnes à faire œuvre de discernement, afin qu’elles s’ouvrent à la voix de Dieu, et à mûrir librement leur projet de vie, trouvant en lui le fondement d’une joie authentique. Toute la communauté chrétienne est donc appelée à être le lieu du discernement, à « sortir » d’elle-même — selon l’exhortation du Pape François dans « La joie de l’Évangile » (EG) —, en dépassant une concentration excessive sur ses commodités et ses sécurités, pour devenir, au contraire, une communauté évangélisatrice qui « accompagne l’humanité en tous ses processus, aussi durs et prolongés qu’ils puissent être » (EG, n°24).
Comment accompagner les vocations sacerdotales ? Je me référerai à deux aspects : le prêtre comme figure-clé de la vocation et les défis de la formation aujourd’hui.
I. Le prêtre comme figure-clé du processus de formation
Quand nous regardons une vocation sacerdotale, nous nous apercevons de suite que l’accompagnement, le discernement, l’orientation vers la suite du Christ adviennent toujours à travers une figure sacerdotale. A l’intérieur de la communauté, le prêtre est une figure-clé pour les vocations au sacerdoce. Tout prêtre reconnaît qu’à l’origine de sa vocation, il y a la figure d’un prêtre — un curé, un directeur spirituel, un aumônier — qui a contribué à son édification, qui l’a écouté et suivi, ou même, qui lui offert son amitié, avec la liberté et la délicatesse requises.
Le prêtre est pris du milieu des hommes et établi en faveur des hommes (Presbyterorum Ordinis, n°3). C’est le premier service qu’on peut offrir aux vocations sacerdotales : être un frère au milieu des autres. Chaque prêtre se souvient que, dans son histoire et dès la première expérience communautaire au service de l’Église, sont présents ces frères prêtres qui ont donné leur cœur pour la vie de chacun des frères.
Ayant écouté tant de récits de vocations sacerdotales, je suis convaincu que celles-ci, au moins dans leur fondement initial, ne dépendent pas d’abord des enseignements de théologie ou de haute spiritualité entendus, et encore moins des capacités humaines ou de l’efficacité des structures ecclésiales ; ces choses peuvent aider, orienter, inspirer, mais, en réalité, la réponse à l’appel est consolidée et prend forme, surtout, grâce à la médiation de quelqu’un — en particulier un pasteur — qui soutient la faiblesse humaine pour favoriser une action plus profonde de la grâce de Dieu.
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